Définition de la constitution
La Constitution Carbonique est comme toute Constitution :
« Un ensemble de caractéristiques génétiquement déterminées, conditionnant une typologie précise, des traits caractériels et comportementaux, des orientations réactionnelles pathologiques spécifiques, évoluant avec le temps, en fonction des facteurs environnementaux ».
Le type Carbonique se module sur les grands signes du Type Sensible révélé lors de l’expérimentation pathogénétique de Calcarea ostrearum.
Etablie par Hahnemann lui-même, cette pathogénésie figure dans le traité des Maladies Chroniques (1828).
Jahr (1801-1875) relève déjà dans son Nouveau Manuel de Médecine Homéopathique (1840) que Calcarea carb. convient aux « affections des personnes à constitution pléthorique ou lymphatique avec disposition à des blennorragies, des rhumes de cerveau, des diarrhées ».
Très évidemment les successeurs d’Hahnemann perfectionneront, affineront cette approche typologique.
Le type Carbonique est bréviligne et large, lourd voire gros, manquant de souplesse, robuste et résistant. L’étage abdominal domine nettement : c’est un digestif.
Cette Constitution est marquée de Psore et de Sycose. Maladies métaboliques et tumeurs sycotiques sont ses dangers menaçants.
Parmi les personnages historiques sont de beaux Carboniques : Cromwell et ses « Têtes rondes », le maréchal Joffre, Clemenceau, Einsenhower, Winston Churchill, les Papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Les Putti de la Renaissance italienne, petits angelots alertes et roses donnant une jolie image du bébé Carbonique. Rubens le classique, Botero le moderne sont les peintres du Carbonique.
La Constitution Carbonique définit donc un ensemble d’individus brévilignes gras, gros, trapus, lents mais robustes et logiques. « Esprit carré dans un corps rond ».
Au fil de l’âge le type se modifiera mais ossature et assiette garderont toujours cette épaisseur, quel que soit le stade de la séquence évolutive.
Description de la constitution
« Beau bébé ! »
Véritable petit Bouddha, fierté de sa maman. Mais cette gentille surcharge pondérale, ces capitons de cellulite sont déjà un avertissement pour l’avenir. A gros bébé risque d’obésité, diabète gras vers la cinquantaine, fléau du Carbonique.
Morphotype
- Gras aux bonnes joues. Très cellulitique.
- Grosse tête ronde à larges fontanelles se fermant tardivement. Transpire abondamment de la nuque, surtout la nuit : mouille son oreiller.
- Petit ventre grassouillet. Bras et jambes courts et potelés.
- Croissance staturale modérée, lente mais régulière. La dentition n’est pas en avance mais les dents sont de bonne qualité.
- Teint clair, blanchâtre, crayeux. Peau fragile et acidulée. Mais on peut être africain ou asiatique et être parfaitement Carbonique. L’odeur sûre du corps est une bonne signature.
Comportement
- Besoin de beaucoup de tétées, de biberons, de nourriture: c’est un oral type. Pourtant notre petit Carbonique supporte mal lait et dérivés, aggravation lactée que nous retrouverons à travers toute la lignée carbonique.
- Calme. Dort profondément et paisiblement, volontiers sur le ventre (risque de mort subite d’autant plus qu’il régurgite).
- Refuse le changement d’habitude. Déprime les lers temps de la crèche, ne s’alimente plus, ce qui évidemment étonne.
- Enervé par le bruit, une lumière trop vive. Mais s’apaise dès qu’il est pris dans les bras.
- Lent à s’éveiller : on attend avec impatience le 1er sourire qui tarde. Lent pour la marche : préfère ramper que se redresser
Points faibles
Le digestif
Le petit Calcarea est un glouton. Il est avide de ce lait qu’il supporte mal, d’où régurgitations, reflux acides, vomissements, diarrhées acides, gaz.
Les mamans devront être invitées à ne pas trop gaver ce nourrisson qui ne demande qu’à l’être. Le trop de poids n’est pas signe de santé, même à ce stade.
Le cutané
Sa peau est le miroir de sa Psore. L’eczéma atopique est fréquent, Codée génétiquement, exacerbée par des allergènes environnementaux, l’atopie ne cèdera qu’à l’administration en remède de fond de Calcarea carb. haut dilué, 12 à 30 CH.
Morphotype
- Toujours replet avec sa tête brachycéphalique. Grandit lentement mais régulièrement. Os épais et solides.
- Le teint reste pâle, l’odeur acidulée persiste.
- Bon articulé dentaire. Dents larges blanches, bien plantées. Nul besoin d’orthodontie.
- Bonne calcification des vertèbres. Le dos manque de souplesse. Mais la légère hyperlaxité des jambes engendre un genu valgum qui se corrigera spontanément par la suite. Raideur générale. Cet enfant ne sera jamais un acrobate.
- Digestion lente, gaz et surtout régurgitations, reflux et acidités gastriques. Avec Calcarea carb., nous sommes dans la « diathèse acide ».
- Le sexe se développe lui aussi lentement. Les testicules tardent à descendre dans le scrotum.
Comportement
- Tranquille, méthodique. Peut devenir paresseux, mou, apathique. Entêté, taciturne, très persévérant.
- Déjà frileux, il se couvre bien. S’assied à côté du radiateur. Travail scolaire lent mais régulier. Laboure le champ du savoir. Peu brillant reste dans une bonne moyenne. Finit par avoir de très bons résultats : la tortue carbonique rattrape le lièvre phosphorique.
- Bon esprit logique d’observation, d’abstraction. Les sciences, les maths lui conviennent.
- Aime les jeux logiques, construction, philatélie. Paradoxalement adore les films baroques, d’épouvante, comme les mangas japonais: il s’y défoule.
- Désir d’aliments lourds neutralisant l’acidité gastrique qui domine le petit enfant porte de la terre à sa bouche, l’enfant de la craie. Désir de pâtes, pommes de terre et autres féculents, œufs durs.
Points faibles
- Toujours le digestif, surmené par la suralimentation. Acidités, diarrhées acides (Cf. Rheum).
- Rhinopharyngites répétées avec végétations et polyposes nasales, grosses amygdales, bronchites.
- Puberté tardive, c’est l’ancien syndrome adiposo-génital. La sexualité est lente à arriver. En la matière, il ne sera pas un « foudre de guerre ».
- Obésité infantile. La surcharge pondérale de plus en plus fréquente frappe essentiellement l’enfant Carbonique. Outre les recommandations hygieno-diététiques, on ne peut le faire maigrir qu’en lui prescrivant régulièrement son remède constitutionnel en hautes dynamisations.
Morphotype
- Bréviligne et gras. L’étage abdominal, digestif domine. Nous sommes au niveau du « syndrome métabolique ». Tour de ventre :>102 cm chez l’homme, > 85 cm chez la femme.
- Dos droit, thorax large, membres courts et raides. A l’extension du bras, l’avant-bras n’arrive pas à l’horizontale mais fait un angle aigu vers le haut. A la flexion du buste, les mains s’arrêtent à mi-course au niveau des genoux. Les gymnastiques d’assouplissement forcé ne lui sont guère utiles. Il lui faut des gymnastiques douces pratiquées au long cours.
- Plante des pieds affaissée avec réduction de l’arche plantaire interne.
Comportement
Psychorigide, frileux, aime être bien couvert. Esprit méthodique, tenace, n’aimant pas la fantaisie. Ce n’est ni un poète, ni un bohème mais un homme d’action calme, posé, réfléchi, plein de sang-froid. Se déplace lentement. N’aime pas beaucoup les voyages. Tourisme en chambre. Excellents père et mère de famille, nombreux enfants. Se plaît à la campagne. Mais il peut, envers de la médaille, devenir paresseux, apathique, lymphatique. Dépressif il s’angoisse pour l’avenir. En proie à des impulsions bizarres, craint de devenir fou.
Points faibles
- Surpoids, obésité. Il faut réduire l’alimentation en féculents, sucres, surtout fromages et dérivés lactés. Le Carbonique assimile mal le calcium: risque de lithiases. Vérifier ses parathyroïdes.
- Insuffisance thyroïdienne fruste. Vérifier la TSH.
- Maladies de pléthore, syndrome métabolique HTA, diabète gras, hypercholestérolémie, goutte.
- Lithiases: vésiculaire, rénale.
- Acidité du tube digestif, œsophage, estomac. Reflux gastro-œsophagien. Hernie hiatale.
- Adénome de la prostate. Fibrome utérin.
- Arthrose, lombalgies, gonalgies, coxarthrose.
Ce fut un beau bébé, ce sera un « beau vieillard », au visage marmoréen. Le carbonique vit vieux.
Morphotype
- Beau visage au crâne arrondi, le plus souvent chauve. La peau est diaphane, finement ridée. L’œil est clair. Cataracte fréquente.
- Bon équilibre statural. Epaules larges, membres robustes. Tendance au surpoids.
Comportement
- Placidité, reste très organisé, un peu maniaque.
- Veut qu’on le laisse en paix. Indifférence. Sédentarité.
- Aime mots croisés ou fléchés. Mauvaise mémoire.
Points faibles
- HTA, ralentissement cognitif.
- Mauvaise vue, mauvaise ouïe.
- Grosse prostate.
- Raideur articulaire. Arthrose. Pertes d’équilibre faciles. Fracture.
- S’endormira un soir paisiblement pour ne pas se réveiller.
Remèdes de la série
C’est une des plus belles illustrations de la théorie énoncée par Henri Bernard.
L’anion, CO3–, restant identique à travers toute cette série, le cation métallique variera d’un stade existentiel à l’autre.
Nous passerons ainsi du stade calcique, l’originel, au stade magnésien, puis potassique, sodique, ammoniacal. Le stade ultime qui, dans toute autre séquence serait acide, deviendra ici barytique du fait de l’instabilité de l’acide carbonique. Chez le grand vieillard, retour fréquent au stade originel, Calcarea carb.
Nous aurons donc :
Carbonate de calcium ➡️ Carbonate de magnésium ➡️ Carbonate de potassium ➡️ Carbonate de sodium ➡️ Carbonate d’ammonium ➡️ Carbonate de baryum ➡️ Carbonate de calcium.
Donc :
Calcarea carb. ➡️ Natrum carb. ➡️ Magnesia carb. ➡️ Kali carb. ➡️ Ammonium carb. ➡️ Calcarea carb. ➡️ Baryta carb.
Ou plus simplement : Ca -> Mg -> K -> Na -> NH * 4 -> Ba -> Ca
Il n’est pas ici question de nous enfoncer dans le détail de la pathogénésie de ces différents sels évolutifs. Nous disposons tous d’excellentes Matières médicales. Il nous suffit de les consulter, ce que vous ne manquerez pas de faire. Mais vous devez comprendre, à travers certains symptômes significatifs, les modalités de cette évolution, les caractéristiques de chaque étape, la profondeur de la diathèse sous-jacente.
Ainsi vous serez mieux à même de diagnostiquer le bon Remède Constitutionnel.
En le prescrivant en hautes dynamisations selon la « Similitude Constitutionnelle » vous aurez toute chance de redresser des fonctionnements perturbés et rétablir un équilibre énergétique nécessaire à la santé. A partir de Calcarea carb. ostrearum, l’huître marine, et au fil de la séquence nous rencontrerons ainsi sous le vernis de la Sycose, la Psore omniprésente s’aggravant d’un bout à l’autre de la chaîne existentielle.
- Magnesia carbonica : stade magnésien. Ici le spasme apparaît. Calcarea carb. était un calme, en dehors de courir parfois bizarrement dans les escaliers, Magnesia carb. est un excité, un nerveux, un spasmodique. Les 1ères angoisses surgissent. C’est un spasmophile gras.
Nous retrouverons certes l’acidité généralisée de Calcarea carb. mais également :
- Des névralgies et spasmes musculaires de localisation variée engendrant des douleurs multiples, < la nuit, forçant à se lever, à marcher, pire au toucher et au froid. Des névralgies faciales, surtout gauche (droite: Magnesia phos.).
- Des diarrhées acides, douloureuses, pliant en 2, mousseuses, verdâtres (cf. Rheum, Chamomilla).
- Règles douloureuses chez la jeune femme par spasme du col utérin, pliant en 2, coulant la nuit plutôt que le jour (Pulsatilla). Une aggravation générale par le lait et les fromages comme tout carbonique qui se respecte.
Nous sommes à un stade de spasmophilie, de fibromyalgies, plus spectaculaire peut-être chez le Phosphorique que chez le Carbonique où le calme propre à cette Constitution amortit en quelque sorte la dégradation spasmique.
- Kali carbonicum. C’est un stade de décompensation énergétique signalé par une fatigue importante permanente, ressentie plus nettement après le rapport sexuel. C’est aussi un stade d’œdème, de boursouflure donc de rétention et de mauvaise élimination liquidienne.
- Sujet pâle, bouffi, gonflé, gras. Les œdèmes sont visibles aux paupières, et plus précisément à l’angle interne de la paupière supérieure ainsi qu’aux chevilles, à chercher dans la zone rétromalléolaire lorsqu’ils sont discrets. Mais Kali carb. dans sa globalité est gonflé. Grosses jambes et aussi gros bras, par exemple après mammectomie.
- Anémie fréquente. Kali carb, apparaît chez un carbonique qui saigne: règles trop abondantes, de mauvaise odeur, ménométrorragies de la ménopause, stérilet, suite d’IVG.
- Colite avec constipation opiniâtre et distension du ventre et de l’estomac. Là aussi rétention. Dès qu’on absorbe quelque nourriture: <« tous les aliments semblent se transformer en gaz » difficiles à évacuer.
- Syndrome pulmonaire avec bronchite et toux sèche épuisante, allergies respiratoires, asthme. Nette aggravation horaire de 2h à 3h du matin. Rappelons-nous, la Psore féconde le Tuberculinisme.
- Le tout dans un contexte de douleurs lancinantes, piquantes comme par des coups de canif ou d’aiguille, < par le froid, < couché sur le côté douloureux (≠ Bryonia), < de 2 à 3 h du matin.
Kali carb. comme Calcarea carb. transpire beaucoup, au moindre exercice, effort d’élimination à respecter chez ce psorique dont la latéralité droite témoigne comme pour Calcarea de l’atteinte de l’axe Foie – Vésicule biliaire – Rein.
Mais le problème pulmonaire avec ses allergies aux pollens et acariens, ses bronchites et essoufflements asthmatiques signe l’atteinte tuberculinique dominante certes tardive car le stade Kali carb. se développe vers 40 – 50 ans, en rapport sans doute avec la multiplication des allergènes respiratoires de la cité.
Le iatrogène paraît également en cause dans cette arrivée au stade Kali se substituant à Calcarea.
Le traitement généralisé des hypertensions même modérées par diurétiques et inhibiteurs de l’enzyme de conversion qui font tousser, entraîne au long cours une déplétion potassique du compartiment cellulaire. L’œdème est là qui en témoigne.
Stade potassique : Œdème – fatigue – anémie
- Natrum carbonicum stade sodique de la série.
Le carbonate de soude est un sel dont la pathogénésie est peu fouillée. C’est dommage.
Il s’agit d’un sujet gras encore plus pâle, plus gonflé, plus mou que Kali carb. Sa fatigue confine à l’épuisement. Comme tout bon carbonique, il ne supporte ni lait, ni fromage qui déclenchent des diarrhées. Mais ses selles ont une curieuse signature, jaune comme de la pulpe d’orange. Tout comme les écoulements du nez et les crachats.
Ce jaune des excrétions évoque d’autres médicaments jaunes : Hydrastis, Chelidonium, Berberis, Kali bich., Condurango, tous remèdes de cancérinisme. Ce stade représente une franche aggravation diathésique par rapport au tuberculinisme de Kali carb.
Un paradoxe: tous ces carboniques sont frileux, sauf justement Natrum carb.
Natrum carb. est aggravé par la chaleur de l’appartement, du soleil, de l’été. C’est un remède de canicule. Chez un sujet infiltré et gras, tout comme Natrum mur. l’est mais chez un maigre et sec.
Cette exception par rapport à la frilosité générale du carbonique est liée à l’ion Sodium et à sa présence dans le compartiment liquide extracellulaire de l’organisme.
Lorsque la température s’élève la transpiration déjà abondante chez tout carbonique s’accroît entraînant une perte de sodium. La pression osmotique plasmatique augmente. Du liquide intra-cellulaire sort de la cellule visant à pallier le déséquilibre osmotique. Une déshydratation cellulaire s’installe avec fatigue profonde. Des diarrhées répétitives qui aggravent, une irritation pulmonaire œdémateuse s’installent.
Le stade de Natrum carb. se développe surtout entre 50 et 60 ans.
- Ammonium carbonicum, carbonate d’ammonium. Le stade ammoniacal est une aggravation par rapport au sodique. La syncope le caractérise; rupture brève mais réelle avec la réalité de l’existence. Ce stade syncopal s’accompagne chez le sujet d’une appréhension de sa propre mort qui, effectivement sur un plan chronologique le rapproche d’Aurum.
C’est un carbonique toujours gras, comme soufflé mais à bout de souffle.
L’aspect floride contraste avec la fatigue profonde, permanente, comme « insensée », du sujet. Sensation d’évanouissement tout proche fréquente. On le renverrait volontiers au psychiatre : « C’est nerveux, c’est de la dépression ! », tant il a bonne mine malgré son angoisse de mort. Point du tout : c’est un Ammonium donc un Carbonique qui vieillit, mais mal.
Ammonium, ion volatil, évanescent dont l’arrivée dans la série témoigne d’une fâcheuse évolution vers la défaillance cardio-rénale.
A ce stade nous voyons se développer des palpitations, de la tachycardie, une instabilité tensionnelle, une dyspnée < au moindre exercice, surtout au rapport sexuel. La sécrétion des peptides natriuriques du type B est augmentée.
Du côté rénal, les urines diminuent, la créatinine et l’urée augmentent.
Cette insuffisance cardio-rénale pointant à l’horizon explique la tendance syncopale qui, sur un plan iatrogène, sera aggravée par la prescription de bêtabloquants formellement contre-indiqués chez un Ammonium.
Le signe avant-coureur de cette décompensation sera l’apparition progressive d’un coryza tenace mais sec, bouchant hermétiquement les narines la nuit et réveillant, véritable syndrome d’apnée du sommeil. On en connaît les conséquences sur le plan vasculaire.
Ammonium carb., sel d’ammoniac était autrefois à la base de ces fameux « sels » à faire respirer aux femmes délicates tombant en pâmoison. De cet usage il reste quelque chose dans sa pathogénésie.
- Baryta carbonica, Carbonate de baryum. Nous arrivons là à une rupture dans notre logique constitutionnelle. Partant du Calcium, le parcours décrit par Henri Bernard pour toutes les autres séquences, sauf la Silicique, débouche sur l’acide, stade ultime le plus épuisé, le plus délabré de tous.
Le Phosphorique aboutit ainsi à Phosphoric acid., le Fluorique à Fluoric acid., Sulfur à Sulfuric acid., Natrum mur. à Muriatic acid.
Or l’acide carbonique CO3 H2, point terminus théorique du Carbonique est instable. Son anhydride, le gaz carbonique, CO2 est difficilement maniable.
On fait donc appel au sel que l’observation clinique a identifié comme étant le plus fréquent chez le « vieillard » carbonique et dont la pathogénésie recoupe justement les signes de cette sénescence.
Baryta carbonica, sera celui-là qui développera son action chez nos septua-octogénaires, voire nonagénaires.
Il existe 3 façons pour un Carbonique de vieillir:
- soit il vieillit « bien » et se retrouve dans la robustesse, la pesanteur, la résistance, l’assiette staturale solide du Calcarea carb. de départ, mais évidemment marqué par l’âge. Le vieillard devient la caricature de l’enfant qu’il fut,
- soit cruellement il évolue vers Aurum. Ce remède de tempérament, congestif, angoissé par la mort peut coiffer le destin d’un Carbonique vasculaire comme d’un Sulfur congestif devenu frileux,
- soit il atteint le stade Baryta et se ralentit paisiblement. C’est là un stade de scléroses diverses dans ce corps toujours massif caractéristique de la Constitution : sclérose vasculaire avec HTA sévère, difficile à maîtriser, sclérose cérébrale : devient lent à comprendre, à s’exprimer avec idéation appauvrie. Lenteur à se mouvoir. Détérioration cognitive. Perte de mémoire. Désorientation dans le temps et dans l’espace. En bref « gâtisme » du grand âge.
- La grande frilosité permanente traduit le ralentissement des métabolismes endocriniens.
- Vérifier la TSH : elle est parfois élevée traduisant une hypothyroïdie fruste. Vous prescrirez alors Thyroïdea 4 CH, 4 granules ou 1 ampoule tous les jours au long cours
- Grosse prostate, gros fibrome.
- Baryta rumine ses maux, pleure facilement en les racontant. Tend à s’isoler car se sent mieux dans la solitude.
Baryta est un remède d’action lente. Il convient de le prescrire sur le long terme en haute dynamisation. Par exemple : 1 dose de Baryta carb. 30 CH ou 10 000 K par mois.
Ainsi donc s’écoule au fil du temps cette séquence constitutionnelle qui jalonne toute la vie de notre bon Carbonique.
Enfant et adolescent: Calcarea carb. et Magnesia carb.
La quarantaine : Kali carb.
Le sexagénaire : Natrum carb. avec des touches d’Ammonium carb.
Et en bout de piste: Baryta carb. ou retour au Calcarea originel.
Sels qui unissent un Anion Carbonique commun et un Cation différent précis.
Le cation marquera la spécificité de l’indication clinique, l’anion orientant le sel vers la Constitution Carbonique.
Nous aurons ainsi Ferrum carbonicum, remède d’anémies, Manganum carbonicum, allergies respiratoires, Plumbum carb., scléroses vasculaire et neurologique.
Je me souviens d’un cas de paralysie des extenseurs de la main droite d’étiologie virale qui résistant à Plumbum metallicum céda à Plumbum carbonicum. Le patient était évidemment Carbonique. Il n’y a pas de petits médicaments.
Nous trouvons également Thallium carbonicum, remède d’alopécie, Zincum carbonicum, excellent tonique nerveux chez un Carbonique lui aussi aggravé par le vin.
Strontium carbonicum : le carbonate de Strontium est sans contexte un des carbonates des plus utiles.
Il vous rendra une foule de service. Ce médicament s’adresse à un Carbonique rubicond congestif, hypertendu évoluant rapidement sur Aurum et Sulfur.
Les principaux traits de sa Matière médicale peu connue sont :
- Sujet épais, lourd de type Carbonique mais hyper-congestion, voire apoplectique, plus rouge qu’Aurum et Sulfur.
- Toujours de mauvaise humeur, colérique. S’emporte violemment pour un rien (cf. Nux vomica).
- Spasmes douloureux et brûlant, de localisation variée : vasculaire, digestif, musculaire, tendineux.
- Les douleurs et spasmes apparaissent et disparaissent graduellement.
- Tous les maux sont aggravés par le froid, améliorés par le chaud (modalité Arsenicum) ce qui surprend chez ce grand congestif brûlant.
- Céphalée congestive, brûlante, battante, pulsatille > chaleur, < froid. Va de l’occiput au sommet du crâne, > s’enveloppant chaudement la tête (cf. Silicea).
- Visage rubicond, brûlant, devenant écarlate au moindre effort. Violentes bouffées de chaleur < froid, > chaud.
- Œil rouge, brûlant : les objets dansent devant les yeux et changent de couleur. Spasmes des artères rétiniennes. Lèvres et bouche engourdies. Spasme de l’œsophage. Hoquet. Désir de pain et de bière. Aversion pour la viande.
- Diarrhée spasmodique avec besoin incessants, pires la nuit mais s’arrêtant vers 4h du matin.
- Spasme de l’anus après la selle. La douleur brûlante persiste longtemps (cf. Ratanhia).
- Spasmes au niveau du cœur avec extrasystoles, pesanteur, suffocation. Spasme des coronaires. Angor. Menace d’infarctus.
- Hypertension sévère par spasme artériel. Insuffisance rénale avec montée de l’urée et de la créatinine (cf. Crésol).
- Spasmes brûlants des muscles vertébraux avec douleurs névralgiques: nuque, dorsalgies, lombalgies. > chaud. < froid.
- Douleurs rhumatismales brûlantes apparaissant et disparaissant lentement. Surtout épaule droite. Sciatique avec cheville gonflée. > chaud, < froid.
- Crampes violentes des mollets et des pieds obligeant à cesser la marche. Pieds glacés. Claudication intermittente. Artérite des MI
- Œdème douloureux permanent des chevilles. Entorse à répétition. Entorse permanente.
- Fragilité du tissu osseux que Strontium carb, contribue à renforcer. Consolide les fractures (cf. Symphytum). Ostéoporose.
Modalités :
Aggravation: Par le froid, froid humide, air, par le lait.
Amélioration: Par temps sec.
REMÈDES D’ÉTATS AIGUS S’ADAPTANT À LA CONSTITUTION
A chaque étape de l’existence, des pathologies vont plus spécifiquement marquer la vie du Carbonique. La Psore les sous-tend mais très vite la Sycose s’installe. Elle est là, derrière les œdèmes, les prises de poids, les tumeurs.
A tous les stades, il convient de soulager ces « misères » rapidement par des remèdes satellites.
Bébé fait ses dents: Chamomilla 4 CH. Il régurgite le lait: Aethusa cynapium 4 CH. Méfiez-vous des diarrhées acides dont Rheum 4 CH sera le remède.
Le petit Carbonique est souvent adénoïdien, victime de rhinopharyngites répétitives. Agraphis nutans 4 CH pour ses amygdales, Belladonna 5 CH comme anti-inflammatoire seront 2 complémentaires. Belladonna moite est l’aigu du Calcarea carb. transpirant.
L’eczéma atopique retiendra particulièrement notre attention, 90% des eczémas atopiques sont des Carboniques.
Graphites est en l’occurrence complémentaire de Calcarea carb. Ce gras, mou, pâle, frileux a une peau à problèmes. Nous sommes dans une Psore qui éclate.
L’épiderme est sec, épais, fissuré (Cf. Petroleum, Alumina). La dartre gluante est pathognomonique, croûte écailleuse laissant sourdre un liquide épais et jaune comme du miel. L’eczéma alterne avec des rhinopharyngites.
Les éruptions sont très prurigineuses (Cf. Croton), sèches ou suintantes, elles se localisent au cuir chevelu (Staphysagria), derrière les oreilles, aux plis de flexion des membres, aux doigts, aux orteils.
Traiter cette atopie homéopathiquement permettra à l’enfant Carbonique d’échapper au triste destin de l’adolescent psorique marqué d’asthme et de bronchite parce qu’ayant reçu trop de corticoïdes.
L’enfant, l’adolescent présentent parfois des retards de croissance, un développement des organes génitaux insuffisant. L’organothérapie nous sera utile.
Chez l’adulte le complémentaire du remède constitutionnel sera Lycopodium, remède de tempérament.
La situation de Calcarea carb. s’aggrave par blocage émonctoriel. Il maigrit tout en gardant sa petite bedaine. Foie et reins ralentissent leur fonctionnement, leurs éliminations. Des troubles digestifs apparaissent: régurgitations acides dont la brûlure persiste longtemps dans la bouche, météorisme abdominal intense, le bas du ventre restant toujours gonflé. Constipation sans besoin. Hémorroïdes > par la chaleur (Muriatic acid.). Pesanteur dans la région hépatique.
La belle latéralité droite, l’aggravation en fin d’après-midi signent la défaillance hépatique et appellent Lycopodium, < en fin d’après-midi, de 16h à 20h, à nette latéralité droite, dont le teint bileux, jaunâtre, les taches temporales traduisent là encore la défaillance hépato-rénale.
L’alternance mensuelle, 1 mois 1 dose Lycopodium 10 000 K, 1 dose Calcarea carb. 10 000 K l’autre mois, est une des meilleures clés thérapeutiques pour maintenir en bonne santé un Calcarea qui s’auto-intoxique.
Cette perte d’élan vital se traduit par la fatigue, la frilosité, une certaine mélancolie. Tout fléchit alors : les possibilités physiques, l’intellect, le sexe.
L’Organothérapie à visée émonctorielle sera précieuse en drainage, une ampoule par exemple Foie – Rein – Côlon – Pancréas 4 CH, 3 fois par semaine.
Plus tard le stade Natrum carb. marque une accélération des phénomènes de dégradation. La Psore se décompense et prend le dessus. Il faut nettoyer le terrain. Nous ferons alors intervenir notre grand homéo-psorique, le roi des anti psoriques, Sulfur.
Sulfur n’est pas ici en tant que remède constitutionnel mais en tant qu’allumette capable de mettre le feu au stock de toxiques qui nous empoisonnent. Sa pathogénésie coïncide avec tous les signes de Psore éclatée rencontrés chez Natrum carb.
Fulgurance du soufre dont le grand ennemi est, tout comme pour Natrum carb., le chaud, la chaleur, le soleil.
Enfin, au stade ultime Baryta, nous prescrirons des remèdes de sclérose.
Mercurius, Cobaltum, Phytolacca, Luesinum, tous remèdes luétiques, jouant ici le réactionnel diathésique sclérogène. La Sycose reste bien présente avec l’heure des Conium, Selenium, Thuya et la Psore avec Sulfur ou Psorinum.
Chez le grand défaillant, l’organothérapie est utile pour son action organotrope. cf Dr Max Tétau, Nouvelles cliniques de Gemmothérapie, Similia, 3 édition 2001
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