Les diathèses

Définiton

 

Ce mode réactionnel est pathologique car il conduit à un état de mal. Il est spécifique donc caractéristique d’un individu. Il est analogique par rapport à une substance expérimentée pathogénétiquement sur l’homme sain.

La notion de diathèse est l’une des plus originales mais des plus complexes apportées par l’homéopathie et la réflexion d’Hahnemann.

Elle est d’une importance capitale. Elle permet en effet de définir dynamiquement un « terrain » pathologique propre au malade et d’en comprendre l’évolution. Elle est une des clés de notre principe d’individualisation: « Il n’y a pas de maladie, il n’y a que des malades. »

Il convient donc d’avoir une idée claire, précise, de ce que nous appelons couramment diathèse, dénommée également « maladie chronique » par Hahnemann qui, par ses observations, en a révélé et démontré l’existence en 1828.

Notre travail de compréhension s’articule autour de deux axes :

  • la diathèse est un mode réactionnel pathologique elle explique les réactions pathologiques du sujet. Elle est dynamique, évolutive, réactionnelle et appréhende le devenir du sujet dans le temps
  • mais la diathèse est également une maladie chronique et comme toute maladie elle a une causalité, une symptomatologie, une thérapeutique.

LA DIATHÈSE EST UN MODE RÉACTIONNELPATHOLOGIQUE

La diathèse est un mode réactionnel pathologique caractéristique de l’individu, orientant ses réactions morbides de manière toujours analogue, quelle que soit la nature du stress pathogène subi.

Ce mode réactionnel s’exprime, soit sur le plan clinique, soit sur le plan anatomopathologique.

Le terme « diathèse » vient du grec Ota0ɛotg. Il appartient au vocabulaire médical ancien. Il désignait aux siècles passés une disposition morbide, c’est-à-dire une tendance naturelle qu’avaient certains individus à développer un certain type de maladie.

Littré en cite des exemples dans son célèbre Dictionnaire médical où il parle de tout ce qui faisait la médecine de son temps, sauf justement d’homéopathie. Ce dernier point témoigne de l’étroitesse d’un esprit qui se voulait pourtant tolérant et de l’hostilité que rencontrait déjà, à l’époque, notre méthode.

On trouve trace de cette conception dans des ouvrages homéopathiques encore relativement récents comme ceux d’Henri Bernard, Paul Kollitsch, Léon Vannier, homéopathes tout à fait éminents.

A la différence des anciens auteurs considérant la tendance diathésique comme mineure, assez exceptionnelle, nous estimons pour notre part que cette notion est majeure et universelle.

En effet, partant des observations d’Hahnemann et empruntant sa démarche, nous pouvons répartir nos patients en grandes catégories diathésiques correspondant à des réalités cliniques et appelant des traitements spécifiques.

Chacune de ces catégories regroupe chacun de ceux qui réagissent pathologiquement de manière analogue, quel que soit l’agent pathogène causal.

L’identification des différentes catégories diathésiques nous permet ainsi de comprendre le destin pathologique d’un individu puisque la diathèse identifiée explique, non seulement la symptomatologie qu’il développe à un moment donné, mais surtout celle qu’il développera dans le cours de son existence.

La notion de diathèse n’est donc pas statique. Elle reflète une dynamique vitale évolutive en rapport, pour Hahnemann, avec les perturbations de la force vitale, de la dynamis.

Pour nous, homéopathes modernes, le terme de diathèse recouvre donc une réalité clinique bien plus complexe qu’une banale tendance naturelle.

Une évolution réactionnelle de type diathésique sera, par exemple, celle d’un patient qui, après avoir fait dans son enfance toute une série d’angines, d’aphtes, de sinusites, développera à l’âge adulte, doucement mais sûrement, ces épisodes initiaux apparemment oubliés, une hypertension artérielle, des problèmes vasculaires, des problèmes cardiaques, et cela sans altération rénale notable. Certes, les rapports streptocoque-cœur sont connus. Mais ils supposent une lésion établie siégeant au niveau du myocarde et/ou du glomérule rénal. Autrement, nos confrères classiques parleront d’H.T.A. essentielle sans établir de lien avec les problèmes bucco-pharyngés de départ.

Notre analyse sera différente puisqu’elle nous introduit dans le cadre d’une grande catégorie diathésique que nous appelons luétique. La luèse est ainsi une de nos diathèses les plus importantes, génératrice de maladies cardio-vasculaires.

Tel autre malade verra son existence gâchée par une succession d’accidents à type d’eczéma, de rhinites, de rhino-pharyngite, d’asthme, l’affaiblissant irrésistiblement.

L’école classique parlera d’allergie, nous, de diathèse psorique. La psore est ainsi une autre de nos catégories diathésiques.

Telle femme, sous influence d’une « pilule » contraceptive, telle autre, ménopausée et sous hormones, prennent irrésistiblement des kilos. Elles sont toutes deux engagées dans un processus diathésique que nous baptisons sycose.

La diathèse est donc une « structure pathotropique dynamique ».

Cette définition paraît assez compliquée. En réalité, elle est simple à saisir en prenant le terme de structure » au sens où Lévy-Strauss l’entend, à savoir de « grands ensembles », ici d’êtres humains.

Ces ensembles regroupent tous les individus ayant même dynamique pathologique, même orientation morbide, même « pathotropisme ».

Ainsi, le diagnostic de diathèse cible un terrain propre au sujet dans sa spécificité réactionnelle pathologique, dans sa vocation à faire un certain type de maladies.

Grâce à cette notion réactionnelle diathésique, il est possible de comprendre le terrain du sujet, de le diagnostiquer, de le traiter. C’est pourquoi l’homéopathie est en profondeur une thérapeutique de terrain.

Nous considérons comme terrain l’ensemble des caractéristiques réactionnelles d’un organisme, qu’elles soient métaboliques, endocriniennes, neuro-sensorielles, psychiques et comme terrain pathologique l’ensemble de ces caractéristiques l’orientant dans une direction morbide déterminée, quelle que soit la nature de l’agent agresseur.

Une partie en est codée génétiquement et relève de l’inné. L’autre est acquise au fil de l’existence.

Cette notion d’un terrain sous-jacent à la maladie, orientant pathologiquement, propre au sujet, en partie codé génétiquement, commence à s’éclairer à la lumière des travaux des généticiens modernes.

On connaît maintenant l’importance du système H.L.A., complexe majeur d’histocompatibilité, de son codage antigénique, et de ses corrélations avec certaines maladies. Le H.L.A. B27 est ainsi associé à la spondylarthrite ankylosante et au syndrome de Reiter, le DR4 à la polyarthrite rhumatoïde. Le psoriasis dépend d’un H.LA. CW6 et la maladie de Behcet du B51. La liste connue maintenant est longue de ces maladies ainsi codées génétiquement : diabète insulino-dépendant avec DR 3-4, thyroïdite d’Hashimoto avec DR 3, allèle commandant également le développement de l’hépatite chronique active, et de la forme chronique du syndrome de Guillain-Barré. Les exemples en sont nombreux mais il est hors de question de reproduire toute une énumération qui relève d’ouvrages spécialisés.

L’importance du système H.L.A. dans le codage génétique du terrain est tout à fait considérable et objective bien cette nécessité concrète du concept de terrain. Des recherches génétiques approfondies ont également montré que des mutations au niveau de gènes précis enclenchaient le développement de maladies précises. Ce sera le cas par exemple des gènes mutants BRCA1 et BRCA2 responsables du développement de cancers au niveau du sein et au niveau de l’ovaire. Tout cela prouve la réalité d’un codage génétique pathologique de l’organisme et d’un terrain que nous identifions, sur un plan clinique, par la diathèse.

La grande différence entre cette approche de type biologique et notre approche clinique diathésique est que la première est de type nosographique statique alors que la nôtre est de type réactionnel, dynamique, énergétique.

Constater un HLB27 confirme un diagnostic de spondylarthrite. Diagnostiquer un BRCA1 muté met en lumière un risque oncologique. Il n’y a là aucun processus réactionnel.

Pour nous, relever que tel individu appartient à la diathèse luétique ou à la psore implique une compréhension de la manière dont il va dynamiquement réagir au stress, à l’agression, qu’elle qu’en soit la nature.

A partir de cette constatation, et puisque nous en sommes toujours au stade réactionnel et pas encore au stade lésionnel, nous pouvons, par le jeu de la similitude, exercer une action préventive, régularisant ainsi les équilibres énergétiques.

Le terrain ainsi compris n’a pas de localisation topographique anatomique précise. Il fait intervenir tous les mécanismes de reconnaissance et de défense immunitaires, donc les éléments tissulaires qui les supportent ainsi que tous ceux qui sont associés à l’élimination toxinique.

Il est en fait réalité dynamique évolutive codée pour orienter l’organisme vers certains types de réactions pathologiques analogues.

On sent combien nous approchons ici de ces notions de forces naturelles d’essence hippocratique, d’énergie vitale, d’élan vital, de dynamis hahnemannienne.

En clair, il faut bien comprendre que la réaction diathésique, le mode réactionnel diathésique, la symptomatologie diathésique qui « fabriquent » la maladie ne dépendent pas uniquement de la nature de l’agent pathogène momentané considéré comme agent causal par la médecine classique.

Certes, la cause immédiate a son importance mais le syndrome qui se développe dépend essentiellement du terrain du sujet ainsi agressé.

Les caractéristiques, l’évolutivité, la nature de la maladie sont conséquences relevant plus de l’agressé que de l’agresseur, plus du terrain que de la cause.

Pasteur disait déjà: « Il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. »

Cet adage est certes réducteur parce que simpliste.

Mais l’essentiel à saisir pour notre compréhension du malade est l’importance d’une réaction individuelle spécifique orientée, en rapport elle-même avec l’existence d’un terrain spécifique dont les caractéristiques analogiques réactionnelles vont s’inscrire dans nos grandes catégories diathésiques et dont le diagnostic se fera par l’enregistrement des troubles fonctionnels observés.

LA DIATHÈSE EST ÉGALEMENT« MALADIE CHRONIQUE »

La diathèse est non seulement un mode réactionnel pathologique, c’est-à-dire une manière de réagir, elle est aussi « Maladie Chronique ».

Hahnemann l’avait ainsi compris qui parlait à propos de ce qu’il avait observé plutôt de « maladie chronique » que de « diathèse », de véritable affection plutôt que d’orientation morbide.

Etant maladie chronique, la diathèse a donc, comme toute maladie prise au sens classique du terme, une causalité, un potentiel évolutif vers l’aggravation ou l’amélioration, un traitement et une chance de guérir.

CAUSALITÉ 

Comme toute maladie, la diathèse a une cause originelle, point de départ de l’orientation diathésique. Il n’y a pas d’effet sans cause, dans le domaine de la diathèse comme dans tout autre domaine.

Pour Hahnemann, cette cause de base » est un miasme qui en perturbant la force vitale, l’équilibre de la dynamis, engendre la maladie chronique, marquant durablement le terrain de son sceau. Ce miasme est par définition d’origine exogène. Il recouvre sans doute des réalités qu’un langage moderne et scientifique exprimerait différemment.

Dans le vocabulaire de l’époque, le terme de miasme signifie une agression venue de l’extérieur, menée par un agent précis. Il implique une contagiosité.

Pour Hahnemann, les trois grandes diathèses qu’il identifier à, sycose, luèse, psore, sont, nous le verrons, essentiellement d’origine vénérienne, résultant donc d’une contamination et donc contagieuses. La notion de miasme recouvre également des facteurs d’environnement, des facteurs nutritionnels, en particulier pour la psore. Il convient donc d’étudier une étiologie de la maladie chronique, point de départ de la diathèse.

Parasites, microbes, virus, micro-champignons seront actuellement incriminés.

Nous avons isolé le gonocoque et bien d’autres germes responsables des maladies sexuellement transmissibles à l’origine de la sycose.

Nous connaissons le tréponème de la syphilis et de la luèse. Le sarcopte de la gale n’a plus de secret pour nous mais paraît maintenant jouer un rôle bien modeste dans l’étiologie de cette immense diathèse qu’est la psore.

Les rapports entre tuberculinisme et bacille tuberculeux sont évidents. Quant au cancérinisme, nous piétinons encore et, pas plus que nos collègues classiques, ne pouvons affirmer quoi que ce soit tout en soupçonnant beaucoup.

A côté de l’apport « miasmatique » hahnemannien, nous incriminons maintenant d’autres facteurs, eux endogènes.

L’hérédité est engagée au premier chef.

Il y a une transmission diathésique des parents à l’enfant. Un père asthmatique, une mère eczémateuse vont transmettre leur psore à leur descendance.

La luèse s’exprime de manière moderne par une évolution vers la maladie cardio-vasculaire. L’anamnèse de nos patients cardiaques révèle, au niveau des parents et grands-parents, de nombreux accidents vasculaires, infarctus, artérite, hémorragies cérébrales témoignant d’une présence luétique transmissible dans les générations précédentes.

Il existe également des familles à cancer, des familles à tuberculose.

Cependant, souligner ainsi le rôle de l’hérédité ne résout apparemment pas le problème du mode de transmission de l’agent, du « miasme » diathésique.

Prenons le cas, par exemple, de la luèse. Le tréponème de la syphilis est un des grands agents inducteurs de luèse. Or, nous savons que la syphilis ne se transmet pas héréditairement, hors le cas d’une mère syphilitique transmettant sa syphilis directement à son enfant. Le syphilitique « blanchi » n’est ni contagieux, ni transmetteur » à son enfant. L’hérédo-syphilis est un vieux mythe du XIX siècle dont l’observation scientifique a démontré l’inanité.

Et pourtant notre luèse chemine à travers les générations. Cela me rappelle le pauvre et génial Galilée obligé, pour échapper à la condamnation de l’Eglise, d’abjurer sa découverte de la rotation de la Terre autour du Soleil, et murmurant, dès sa sortie du tribunal « E pur si muove. »

La syphilis ne se transmet pas et cependant, l’hérédité luétique est là.

De même, il y a des hérédités sycotiques, tuberculiniques, psoriques, cancériniques qui n’ont pas de rapport avec une transmission bactérienne ou virale directe.

Nos prédécesseurs immédiats crurent s’en tirer en parlant des « toxines » transmissibles. Pour Léon Vannier, par exemple, la toxine précède la maladie, voire le microbe lui-même.

Je dois dire que lorsqu’on étudie l’œuvre de Léon Vannier, tout à fait originale, même si elle fut inspirée de Nebel, on comprend que le terme « toxine » recouvre sûrement une réalité clinique mais qu’au même titre que le « miasme » d’Hahnemann, cette réalité est bien difficile à cerner rationnellement et à prouver sur le plan scientifique.

Il me paraît plus raisonnable d’admettre que de très grandes maladies, qui périodiquement ont ravagé ou ravagent l’humanité, marquent de leur empreinte le génome héréditaire, modifiant certaines informations à certains niveaux de la chaîne d’A.D.N. Cette conception rejoint des observations de la génétique actuelle.

Les spectaculaires macro-mutations des espèces vivantes sont apparemment terminées. Mais l’évolution continue et se fait par « micromutations » chromosomiques. Les conséquences en sont sans doute une meilleure adaptation au milieu pathologique que sécrète chaque époque, mais l’origine en est sûrement une sélection éliminant les plus faibles, conservant les plus forts qui, eux, transmettront le gène modifié.

Ce que nous appelons constitution, c’est-à-dire le bâti architectural osseux, musculaire, statural qui caractérise l’aspect d’un être humain, reflète bien la transmission héréditaire de l’empreinte diathésique.

Sycose et psore engendrent le carbonique, épais, court, trapu. Le tuberculinisme s’exprime dans le phosphorique, mince, élégant, longiligne. Le fluorique, hyperlaxe, dissymétrique, instable, incarne la luèse. Quant aux rapports entre la constitution silicique et le cancérinisme, ils nous paraissent étroits.

Les facteurs d’environnement représenteront une autre étiologie de la maladie chronique diathésique.

Il y a d’abord les facteurs écologiques.

Nous retrouvons là une conception propre à Hahnemann qui voyait dans les « miasmes délétères » des marais transylvains, une origine possible de la psore. On parlait d’ailleurs beaucoup de miasmes » à l’époque. Les contaminations miasmatiques étaient fort redoutées.

Ces considérations écologiques restent d’actualité. Le béton des grandes cités banlieusardes engendre la luèse par le stress psychologique. Les facteurs alimentaires et iatrogènes sont importants. C’est ainsi que des erreurs alimentaires, comme l’excès de sucre, sont source de psore. La sycose résulterait de l’administration de médications immuno-dépressives, également de la multiplication des vaccinations, cette dernière remarque ne voulant pas dire que nous sommes hostiles aux vaccins, mais que leur inoculation implique la prescription concomitante de médicaments curatifs. de la sycose.

L’alcool, le tabac engendrent la luèse ainsi que la sous-alimentation et les conditions de misère dans lesquelles vivent les tiers et quart mondes. Il en est de même du tuberculinisme.

Quant au cancérinisme, nous soupçonnons l’importance des facteurs nutritionnels et écologiques sur la genèse du cancer. L’extension extraordinaire du mélanome, en rapport sans doute avec l’accroissement de la radio-activité de l’air ambiant, en est un exemple démonstratif. SEPIA autrefois ne se préoccupait guère de ses taches pigmentées, de ses « grains de beauté ». Aujourd’hui c’est presque une urgence que de les faire enlever et analyser.

ÉVOLUTIVITÉ 

 Comme toute maladie, la diathèse a également une évolutivité. En l’absence de tout traitement spécifique, elle s’aggravera spontanément. Le patient s’enfoncera dans une pathologie chronique et lourde de risques léthaux.

Bien traitée, elle évoluera vers l’amélioration, voire la guérison. C’est là tout le but de notre travail de médecin homéopathe pourquoi il convient de soigner avec douceur mais de guérir avec netteté.

A partir du moment où nous avons diagnostiqué chez un patient sa diathèse, nous pouvons prévoir tout son futur pathologique et faire en sorte de le lui éviter. Ce sera le rôle préventif de l’homéopathie.

Le tuberculinique ira de rhumes en bronchites. Le psorique accumulera les accidents allergiques. Le luétique risque la crise cardiaque. Le sycotique sera empoisonné par le génito-urinaire, l’homme par sa prostate, la femme par son fibrome. Quant au cancérinique, la tumeur maligne est une redoutable épée de Damoclès.

Il est de notre devoir et de nos moyens de prendre en charge ces risques potentiels diagnostiqués pour les pallier, les annuler.

Nous interviendrons à l’occasion d’épisodes aigus, sachant que toute affection aiguë est le reflet de la maladie chronique sous-jacente, en même temps que son exutoire. Nous ne devons, en effet, jamais oublier que la maladie aiguë représente le drainage spontané de la maladie chronique.

Cela ne peut se comprendre que dans le cadre d’une conception globale de l’être humain.

La maladie chronique diathésique est le résultat d’une imprégnation toxique permanente, actuelle, passée, héréditaire. En profondeur, elle bloque le jeu des grands émonctoires de l’organisme.

La maladie aiguë, par la mise en œuvre de processus inflammatoires intéressant surtout des zones superficielles de l’organisme, favorise la sortie, l’élimination de substances toxiques qui autrement gêneraient, puis inhiberaient, le fonctionnement d’organes essentiels.

Angines et sinusites sont draineurs de luèse. La poussée aiguë d’eczéma améliore en profondeur le psorique en mettant en action ce grand émonctoire superficiel qu’est la peau.

Le coryza spasmodique enflamment la muqueuse nasale est éliminateur pour le tuberculinique. La sycose se draine spontanément au niveau urinaire par de petites poussées infectieuses et au niveau de la peau par ses verrues et ses sueurs.

Une crise aiguë doit donc être respectée et non coupée violemment.

Accabler l’angineux d’antibiotiques, couper le coryza par des antihistaminiques, ligaturer les hémorroïdes, brûler les verrues, sont des erreurs, de notre point de vue. Il faut canaliser avec douceur et efficacité ces crises éliminatrices centrifuges.

Il ne convient sûrement pas de laisser sans traitement ces affections aiguës même si, dans notre analyse, elles ont leur finalité.

Les forces naturelles ne sont pas toujours positives. La violence de leur réaction peut dépasser le but poursuivi. La Natura Medicatrix a ses limites qui sont celles de la résistance de notre organisme. Un peu de fièvre est bien, trop de fièvre est dangereux.

Une angine hyperfébrile à streptocoque A ẞ hémolytique, résistant à notre traitement plus de 48 heures, appelle une antibiothérapie. La possibilité de R.A.A. avec son risque cardiaque est là, qui aggraverait la luèse sous-jacente. Il faut aussi, par exemple, maîtriser un eczéma dans sa violence et son étendue, même s’il draine le psorique.

Il faut également comprendre les nécessités de la vie professionnelle, les dangers des voyages, et savoir mettre en place les couvertures antibiotiques, vaccinales, nécessaires.

II ne faut sûrement pas stopper brutalement une crise aiguë.

Cela est du seul objectif de la loi des contraires avec toute la gamme des « anti » mis au point par l’école classique : antibiotiques, antalgiques, anti-inflammatoires, antithermiques, antidépresseurs, etc. On bloque ainsi des éliminations salvatrices.

Mais il faut orienter la nature, la discipliner en tenant compte chaque fois, des possibilités réactionnelles de l’organisme, de son énergie vitale, de ses conditions de vie. Nous devons drainer intelligemment l’élimination toxique.

Ainsi maîtrisée, traitée selon le principe de similitude et guérie la maladie aiguë devient une « chance » pour le patient. Au sortir de sa crise, il se sentira mieux qu’avant. Toute crise, qu’elle soit organique ou psychique, est positive à condition qu’elle soit comprise du médecin et du patient et traitée à bon escient.

Il nous suffit de considérer ces malades « grippés » ou plus précisément victimes d’une de ces affections hivernales virales si nombreuses. Les uns, traités par antibiothérapie, sortiront de leur grippe épuisés, patraques, se traîneront plusieurs semaines avant de récupérer leurs forces.

Les autres, traités par homéopathie, et qui vantera assez ici les mérites de THYMULINE, INFLUENZINUM, ACONIT, guériront rapidement pour entrer dans une convalescence brève et tonique. Ils seront en forme parce qu’ils auront éliminé.

TRAITER 

 Comme toute maladie, la diathèse doit bénéficier d’un traitement médicamenteux efficace mais non toxique. L’homéopathie est là pour cela et comme elle est thérapeutique de la similitude, c’est sur le principe du semblable que nous appuierons notre action thérapeutique.

Il nous faudra étudier avec précision les symptômes présentés, en éliminant ce qui relève de l’accessoire pour mettre en lumière ce qui appartient spécifiquement au chronique, donc à la diathèse.

La similitude sera recherchée non seulement au niveau des symptômes actuels, mais également en tenant compte des maladies passées. Ces syndromes anamnestiques nous apportent des ensembles symptomatiques de type diathésique. Ils facilitent notre diagnostic.

De même, nous colligerons avec soin tout ce qui a marqué l’hérédité du patient, au niveau de sa parenté proche. Là encore, nous définirons des ensembles symptomatiques diathésiques.

La similitude diathésique est donc une similitude « éclatée » à plusieurs niveaux du temps. Elle est actuelle et historique.

Nous établirons enfin un rapport d’analogie entre cette symptomatologie ainsi rassemblée et les signes appartenant à la pathogénésie de certains médicaments qui, de ce fait, deviendront nos médicaments diathésiques.

Ainsi :

Symptômes diathésiques ➕ Symptômes pathogénésiques ➡️ Similitude  ➡️ Médicament diathésique

Mais dans tous ces traitements diathésiques destinés à combattre en profondeur une maladie solidement ancrée dans l’organisme, un drainage médicamenteux nous paraît également tout à fait nécessaire.

En effet, il n’y a pas de maladie évoluant sur le mode chronique sans qu’il y ait inhibition du jeu émonctoriel.

Tout comme l’affection aiguë cherchait à le faire spontanément par la mise en route de syndromes inflammatoires localisés, nous devons nous aussi drainer, mais ici pharmacologiquement et physiologiquement, par nos médicaments.

Ce sera le rôle des biothérapies. Homéopathie végétale, gemmothérapie, organothérapie, lithothérapie, micro-mycothérapie seront ainsi mobilisées.

En stimulant régulièrement et sans danger les grands émonctoires – foie, poumons, rein, rate, pancréas, côlon. vessie – le terrain sera apuré des substances toxiques qui l’encrassaient, des fameuses toxines de Vannier.

L’action du semblable sera mieux assurée. La guérison sera obtenue plus rapidement, plus facilement et durablement.

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