Toutes les constitutions
Définiton
Nous entendons par « Constitution homéopathique » une typologie impliquant au premier chef des caractéristiques physiques, mais également des traits caractériels et des orientations pathologiques.
C’est une « morpho-bio-typologie » prenant en considération l’aspect du patient.
Elle objective ainsi des types humains au destin en partie prédéterminé sur le plan pathologique.
Ainsi se trouvent décrits des types tels le Carbonique, le Muriatique ou autres dont nous pouvons prévoir le devenir.
Codée génétiquement, résultante de l’évolution, elle n’est pas statique mais dynamique parce que réactionnelle à l’environnement et à l’événement. Elle peut donc elle-même, pour un individu et dans certaines limites, évoluer au fil de son existence personnelle.
Notre analyse constitutionnelle s’insère dans le concept de Similitude, base de l’Homéopathie.
Elle met en œuvre 2 notions : celle de « Sels Constitutionnels » et celle de « Type Sensible ».
- Les « Sels Constitutionnels » ont été identifiés, entre autres, par un homme remarquable, le Dr Guillaume Schuessler (1821-1893), comme étant les principales substances minérales dont notre organisme est constitué et dont l’administration compensera les carences responsables d’états pathologiques déterminés.
« L’édification et la capacité vitale des organes sont conditionnées par la présence en quantité voulue des substances inorganiques indispensables à leur Constitution ».
Certains Sels et éléments constitutionnels serviront de base à nos Constitutions, mais Schuessler ignora notre approche typologique constitutionnelle.
Ce sont :
– Calcarea carbonica (ostrearum) = carbonate de calcium (marin) ;
– Calcarea phosphorica, phosphate de calcium ;
– Sulfur, soufre ;
– Silicea, silice ;
– Natrum muriaticum, chlorure de sodium (sel marin) ;
– Calcarea fluorica, fluorure de calcium.
Tous sont des remèdes homéopathiques importants, des « polychrestes » dont pour 4 d’entre eux l’expérimentation a été réalisée par Hahnemann lui-même et inscrite dans son Traité des Maladies Chroniques (1828).
Ces 4 médicaments historiques éprouvés par Hahnemann lui-même sont Calcarea carb., Natrum mur., Sulfur et Silicea.
Il est étonnant à ce propos de remarquer que les 2 premiers ont une origine marine et ne sont pas de simples sels chimiquement purs. En nous rappelant l’origine marine de l’homme, on ne peut qu’admirer l’intuition d’Hahnemann qui choisit d’emprunter à cette mer matricielle deux des plus importantes clés constitutionnelles.
Quant à Calcarea phosphorica nous en devons la pathogénésie à Hering et à ses élèves d’Allentown (1837).
Pour Calcarea fluorica, une véritable expérimentation scientifique fut pratiquée par le Dr Metzer en 1953 à l’hôpital Robert Bosch de Stuttgart. Jusque-là ce sel était prescrit sur les données cliniques développées par Schuessler.
- Le « Type Sensible » est le 2ème pilier de notre analyse. Cette notion existe déjà chez Hahnemann. Elle résulte de l’observation que des sujets réagissent plus facilement que d’autres à l’administration pathogénétique de certaines substances. Ils sont plus sensibles. Ce sont des Types Sensibles.
Hahnemann parlait alors « d’idiosyncrasie » (§117 Organon). Ce phénomène d’idiosyncrasie explique le fait étonnant que certains individus développent d’innombrables symptômes pour des sels minéraux dont la plupart sont dénués de toute toxicité. Ils leur sont idiosyncrasiques.
Le calcium, le soufre, la silice, le chlorure de sodium sont consommés quotidiennement sans effet nocif sauf à des doses hors du commun qu’il n’est pas question de mettre en œuvre lors d’une pathogénésie expérimentale.
Au contraire, l’expérimentation pour ces substances sera conduite à des doses infimes, voire infinitésimales, 30 CH par exemple.
Pourtant, certains sujets répondent de manière stupéfiante. Ainsi, Hahnemann dans « Les Maladies Chroniques » énumère 1188 symptômes pour Silicea, 1631 pour Calcarea carb. et 1969 pour Sulfur. Allen dans « Encyclopedia of pure materia medica » recense 4000 symptômes pour Sulfur et 1900 pour Silicea.
Tout cela implique des sensibilités exacerbées. Or les multiples observations de nos prédécesseurs, soigneusement colligées, laissaient deviner un lien entre ces hypersensibilités et le type morphologique des expérimentateurs.
Le génie intuitif d’Antoine Nébel fit le reste. Inspiré par les tempéraments biochimiques de Grauvogl, il valorisera le concept nouveau de Constitution-Typologie, identifiant 3 Constitutions majeures de base : les Carboniques 🔵, les Phosphoriques 🟡, les Fluoriques 🟨.
Puis d’autres auteurs interviennent tel Henri Bernard si bien qu’actuellement on décrit et utilise 6 Constitutions: Carbonique 🔵, Sulfurique 🔶, Phosphorique 🟡, Silicique ⬜, Muriatique ⏺️, Fluorique 🟨.
A cette typologie s’accrochent des spécificités caractérielles auxquelles Hahnemann attachait la plus grande importance ainsi que des orientations pathologiques.
Chaque Constitution fait le lit d’une ou de plusieurs Diathèses. L’hérédité diathésique dans un feed-back évolutif, sculpte le morphotype constitutionnel qui lui-même extériorise au mieux l’empreinte diathésique.
Mais la Constitution n’est pas qu’une typologie statique, invariable. Il n’est que de voir ce que la sénescence fait de nous !
La Constitution évolue avec le temps, selon l’âge du sujet et les événements qui le marquent. Elle est réactionnelle aux « choses de la vie ».
Henri Bernard, venu après Nébel identifie ainsi des « séquences évolutives » qui partant d’un calcaire princeps tonique, aboutissent à un acide délabré.
Un Phosphorique passera successivement du stade de Calcarea phos. par des stades magnésien, potassique, sodique, ammoniacal. Jusqu’à un stade Phosphoric acidum.
Phosphorique acidum marque le stade ultime de la vieillesse.
Ces séquences incluent des sels dont la pathogénésie est réduite, voire inexistante.
Sont prises en compte alors des propriétés spécifiques de chacun des ions du sel en question tels que nous les avons notées à l’occasion de pathogénésies bien établies, des notations toxicologiques, des observations cliniques.
Ainsi Kali fluor, le fluorure de potassium associera à l’instabilité de l’ion fluor, l’asthénie des kali pour prendre place dans la série fluorique.
S’ouvre ainsi la possibilité d’élargir notablement notre clavier médicamenteux d’une manière rationnelle et raisonnable. Nous répondons ainsi aux vœux du grand Constantin Hering qui comme le rappelle William Boericke dans la préface de sa Matière Médicale toujours très prisée, citant lui-même Hering :
« L’Homéopathie par essence ne prend pas seulement en considération certains aspects. Elle les traite tous. Elle étudie l’action de toutes les substances, qu’il s’agisse d’aliments de régime, de boissons, de condiments, de drogues ou de poisons.
Elle étudie leur action sur les plantes, sur les animaux qu’ils soient sains ou malades…
L’élimination de l’inutile peut se faire graduellement avec une plus grande connaissance physiologique et pathologique ».
Des médicaments peu connus, insuffisamment explorés, pas encore prescrits seront, au nom d’une logique, mis à la disposition du médecin homéopathe. Nous en avons besoin pour répondre aux défis lancés par une médecine qui tous les 50 ans environ fait sa révolution, pour le meilleur mais quelques fois pour le moins bon.
Aux côtés des Sels constitutionnels proprement dits, nous définirons des remèdes complémentaires et satellites. Les remèdes complémentaires sont ceux qui ayant l’anion commun constitutionnel ont par leurs cations différents des actions cliniques spécifiques. Vous apprendrez ainsi à prescrire des médicaments trop négligés malgré de riches pathogénésies, tels Alumen ou Strontium carbonicum.
Les remèdes satellites, qui n’appartenant pas à la Constitution proprement dite, reviennent plus fréquemment que d’autres dans le traitement des affections plus caractéristiques de la Constitution étudiée.
Ainsi Aconit développe bien ses symptômes inflammatoires chez le Sulfurique, Belladonna chez le Carbonique.
Nos techniques de drainage par les Biothérapies seront envisagées dans le cadre de ce travail.
Le Champ Constitutionnel nous offre ainsi de très larges perspectives d’approche du malade, du traitement de sa maladie et une compréhension plus profonde des mécanismes vitaux qui sous-tendent sa pathologie comme sa santé.
« Nous entendons par Constitution d’un individu « un ensemble de caractéristiques physiques génétiquement déterminées mais pouvant évoluer dans le temps en fonction de facteurs environnementaux », conditionnant une typologie précise, mais aussi des traits caractériels et comportementaux, des orientations réactionnelles pathologiques spécifiques ». C’est donc une morpho-biotypologie évolutive.
Aux côtés de la Diathèse et du Tempérament, la notion constitutionnelle est un élément essentiel de notre analyse du Terrain individuel éclairant la pathologie et les réactions de chacun.
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